Véronique Boudier

De Nuit d’un jour à Futur Film

 

Depuis….Véronique Boudier maintient le cap d’une œuvre toujours surprenante dans l’économie de ses moyens et d’une constance d’efficacité directe qui se révèle d’une portée poétique et existentielle unique. Partie d’une pratique minimale de la performance corporelle, qualifiée de « gentille prouesse », consistant à matérialiser en images ou sculptures des actes impliquant peu d’adresse (voire une adresse « nulle » !) et réalisables par n’importe qui (comme laisser brûler un gâteau ou toucher son nez avec sa langue), elle en est arrivée à transformer l’expression pathétique d’une forme d’impuissance créatrice insoluble devant les processus de désagrégation de la vie, en une stupéfiante capacité générique à produire des œuvres, images, sculptures, installations, ouvrant sur un moment extatique de partage singulièrement « humain ». Cette « humanité » fût-elle celle des lendemains de fête à l’humeur brouillée de gueule de bois ! Ainsi les deux films d’une heure chacun, qu’elle a présenté simultanément en 2009 dans la galerie Chez Valentin, reconfigurée entièrement pour la circonstance, présentent-ils deux faces (ou « interfaces ») d’une vision festive nocturne : la première se consumant dans le récit écrit, simultané au visionnage, d’une déception totale après le spectacle d’un feu d’artifice en Belgique ; la seconde s’exaltant à la combustion complète d’un salon d’intérieur de l’artiste, reconstitué en décor au milieu des champs et réduit en cendres à la naissance du jour. Entre ces deux projections contiguës, renvoyant dos-à-dos les contradictions de la sensation esthétique, entre détresse de la fête et joie du désastre, l’artiste produit un suspens d’émotion qui renvoie chaque spectateur à faire l’expérience directe de sa présence réceptrice. Elle travaille depuis 2009 à un projet in progress nommé Futur Film, pensé comme une structure gigogne, un champ en expansion, qui l’a rend libre de tous les possibles de recherche et de création.

 

Vincent Labaume

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